Il n’est pas encore 6h du matin; je vais ouvrir aux poules avec mes chiens.
En passant par la serre, je contemple la trop grande quantité des plants produits avec satisfaction (enfin presque car beaucoup sont encore bien petits).
Je regarde quelques uns en particulier, parmis les tomates et les piments. Je les préviens de leur départ ce matin pour Angers avec mon fils et son amie. J’espère qu’ils seront « productifs ».
En pensant à ce mot, je suis un peu dérangé. Et je cherche pourquoi, car je n’ai qu’une envie: c’est continué mon parcours matinal du jardin dans la Joie, sans dérangement.
Voilà pourquoi ces quelques mots. J’y pense et puis , j’oublie.
Ce n’est qu’au retour que je m’installe devant la vue mer, IPad clavier souris café, volume du chant des oiseaux du printemps sur 2 sur une échelle de 5. Je poursuis mes recherches sur ces histoires à propos du mot « produire ».
Lorsque je regardee dans le Larousse je peux lire ces définitions :
Assurer les actions diverses (culture, fabrication, etc.) qui concourent à fournir sur le marché commercial certains biens ou services : Région qui produit du vin.
Créer une œuvre, la composer : Écrivain qui produit plusieurs romans par an.
Former naturellement quelque chose, donner : Arbre qui produit des fruits.
Provoquer l'apparition de quelque chose, le créer, en être la source : Frottement qui produit de la chaleur.
Faire naître un sentiment, une sensation, etc. : Cette révélation produisit un effet de stupéfaction.
En parlant d'une collectivité, donner naissance à quelque chose, quelqu'un, les former : Pays qui a produit de nombreux prix Nobel.
Montrer quelque chose, en faire état, amener quelqu'un devant quelqu'un d'autre : Pour se justifier, il m'a produit un certificat de maladie.
Être le producteur d'un film, d'une émission, etc.
Je me surprends à réaliser comment ce mot « produire » génère des pensées très différentes en fonction du contexte.
Nous sommes le 8 Mai, on parle sur les canaux de l’information du choix cornélien entre sécurité et reprise économique. Les français sortent progressivement de ce confinement pour se dire qu’ils vont devoir maintenant reprendre, mettre les bouchées doubles, s’informer de pages de restrictions (sinon amendes) afin de ne pas augmenter la diffusion du virus... 4 lignes suffisent. Vous connaissez mieux que moi cela, ce bazar, cette confusion à tordre les boyaux.
Depuis 2 mois, la nature n’a pas cessée de produire.
Pendant que les humains se sont arrêtés l’usine à fertilité est en marche (elle!), regardez plutôt: les nichées d’oiseaux dans l’abris à outils; les libellules commençant leur danse au dessus de la mare, la grosse poule noire couvant une dizaine d’œufs fécondés; les petits fruits dans les fruitiers prenant place aux fleurs; l’herbe du jardin que notre cheval Quito à même du mal à réguler tellement elle produit ! Etc ...
Nos légumes grandissent. Le vert gagne du terrain dans tout le jardin et le potager est en ébullition d’énergie. Les limaces se jettent sur les premières fraises et celles çi produisent encore plus à la grande satisfaction de nos bouches.
Le tout est MAGNIFIQUE. Cette production là est splendide.
Elle contraste avec le repos de l’hiver où elle est moins visible.
Elle contraste avec cette autre vision de la production que l’on ne connaît que trop, facteur de pollution, d’ennuis, de peine, douleurs, amis aussi de confort et de sécurité.
Et moi j’ai fait quoi ?
J’ai fait ce que j’avais à faire pour savourer.
Semer des graines, produire cet article, co-inventer sur zoom ou sur un papier, produire à manger pour nous... et les rats taupiers !
Penser à affûter mon clou, pour avoir un message et une ligne claire dans mon travail.
Dessiner encore des projets pour améliorer le design de notre lieu.
Observer, ressentir l’émotion, laisser naître la pensée, se projeter, se sentir habité par l’énergie de faire, de matérialiser ce qui est né dans mon cœur... puis au bon moment, libérer cette énergie pour matérialiser ce qui était déjà produit dedans, notre tête, notre corps.
Fertiliser avec Amour le monde matériel. Si, si! J’ai fait ça moi. J’ai produit cela ! Cela me fait rire d’être si fier ! Fier et joyeux !
Dans ma tête: mon fils et sa chérie vont rejoindre leur travail. Je veux qu’ils aient de belles tomates. Cela les nourrira; autant le cœur que l’estomac.
Quoique l’on fasse, nous avons besoin de détachement pour accepter la difficulté de certaines « besognes ». Mais nous avons aussi besoin d’enthousiasme et de joie de créer. Alors produire c’est s’épanouir; c’est fertiliser; c’est participer à la Vie.
Je crois que j’ai réalisé cela il n’y a pas si longtemps.
J’étais persuadé que seul l’effort constant, ardu, pouvait donner des résultats. Quelque part, je le crois toujours: mon action sur le monde va le modifier donc plus je fais, plus je peux potentiellement produire et participer à la création.
Pour autant, ce que je n’avais pas réalisé pendant longtemps, c’est que sans Joie de faire il n’y a rien de beau qui ne sort de mes mains.
Mais c’est beau Embrunsdherbe me direz vous. Oui, sûrement il y a toujours eu de la Joie à faire ce lieu mais j’avais souvent tendance à l’éteindre sans m’en rendre compte. Aujourd’hui, je sais que je peux beaucoup plus m’amuser à créer, et je sais que le tempo augmente. On va en planter des graines ! Ahah !
Cette Joie donne de la force aussi; elle décuple les possibilités.
C’est de là que vient la force colossale de la petite graine qui repousse le poids de la terre au dessus d’elle pour faire émerger une feuille qui va aller chercher l’énergie de la lumière pendant que vont se déployer les racines pour emprunter plus d’énergie encore dans le sol ?
« Emprunter » j’ai écrit.
Je n‘ai pas les connaissances pour réfléchir ici sur la conscience de cette Joie dans les autres êtres vivants . À savoir si l‘oiseau se rend compte de la beauté de son chant; si la fleur sait qu’elle est séduisante; si la carotte comprends que j’adore son orange; ou si le soleil fait exprès de briller magnifiquement le soir quand il rejoint la mer... est-ce que c’est pour qu’on fasse de beaux rêves ?
Je n’en sais rien. La nature produit des choses splendides, des horreurs aussi. C‘est avec ce paradoxe nécessaire que j’interprète , depuis mon propre vécu; avec ma petite conscience à moi. Je qualifie de bien, de beau, de mal, de moche, parce que je peux comparer et recevoir différemment en mon cœur.
Ce qui agit autour de moi, agit dans moi. Uniquement en fonction de comment je le reçois. C’est mon point de vue, selon mon expérience. Rien de plus, rien de moins.
Puis, en fonction de comment je reçois et donc de quoi je me nourris, alors je ré-agis et c’est alors moi qui crée. Je ne suis qu’un interprète de ce qui se passe autour de moi, puis je transfers alors cela en le projetant à l’extérieur par mes actions. Je suis entièrement responsable de mon interprétation de ce qui se passe autour et de ce que j’en ressors ensuite.
Alors si je cultivais ma faculté à convertir positivement ce qui m’arrive pour m’amuser à faire de jolies choses ? Pour moi, pour les autres.
On sait tous que l’échec permet d’apprendre. C’est un exemple de cette convertion possible. Ce qui arrive aujourd’hui peut être converti suivant ma façon de le recevoir ; puis d’émettre une vibration positive avec tout mon être.
J’ai une magnifique mission pour aujourd’hui, celle d’ouvrir mon cœur, de choisir comment et en quoi je vais projeter mon énergie. De sourire à la vie, de participer à la vie puisque je suis Vivant.
J’ai une magnifique mission aujourd’hui : c’est Vivre de tout Coeur. 💓
Franck
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